Repères – Quand Alarm devient Alarme
En 2016, Alarm, méthode de référence d’analyse des évènements indésirables associés aux soins (EIAS), est actualisée par ses concepteurs pour la rendre encore plus efficace : elle devient Alarme.
Dr. Bruno Bally & Pr. René Amalberti – HAS
En 2016, Alarm, méthode d’analyse des évènements indésirables associés aux soins (EIAS) devient Alarme.
En effet, il apparaissait nécessaire de replacer l’EIAS dans son
contexte, pour plus d’efficacité de l’analyse afin de ne pas la limiter à
la seule séquence de survenue de l’EIAS. Charles Vincent et René
Amalberti [1] nous proposent une évolution d’Alarm pour plus
d'efficacité et prenant en compte les derniers développements en termes
de gestion des risques.
Alarm devient Alarme : le « e » rajouté signifiant étendu (extended)
Dans Alarme, il s’agit tout simplement de prendre en compte 4 points clés supplémentaires lors de l’analyse d’un EIAS.
- L’expérience du patient. Elle doit être prise en compte notamment pour l'identification de l'EIAS, sa reconstitution et le recueil de données. L'annonce du dommage au patient est également organisée.
- L’épisode de soins. La période de temps analysé doit prendre en compte la globalité de l’épisode de soins et non pas rester focalisée sur la seule séquence temporelle, parfois très brève, de l’EIAS (par exemple une erreur médicamenteuse au domicile du patient peut avoir des conséquences après plusieurs jours d’hospitalisation).
- Les modalités de détection et de récupération de l’EIAS. Comment l’EIAS a-t-il été détecté et récupéré ? On notera à ce propos que les succès sont tout aussi importants à analyser que les échecs… Comment améliorer cette détection et cette récupération ?
- Le contexte dans lequel l’EIAS s’est produit. Par exemple, une erreur médicamenteuse faite par un patient à domicile est probablement à prendre en compte différemment d’une erreur médicamenteuse en unité de soins.
Les autres éléments constitutifs de la méthode Alarm restent inchangés.
Mais
analyser en équipe et de manière systémique (Alarme) un EIAS n’est que
le premier temps d’une revue de mortalité-morbidité (RMM)...
Mettre en œuvre un plan d’actions et le suivre en constitue le deuxième temps, indissociable et indispensable pour que la RMM soit efficace.
Un plan d'actions en 5 questions
Ce plan d’actions est évidement guidé et piloté par les enseignements tirés de l’analyse Alarme et doit permettre de répondre à 5 questions clés :
- Comment améliorer la prise en charge du patient ? A partir des enseignements tirés de l’analyse Alarm concernant les tâches à accomplir, le professionnel de santé lui-même (formation, évaluation), l’équipe, l’environnement de travail, l’organisation et le management.
- Quelle bonne pratique de sécurité faut-il mettre en place ? Notamment pour réduire les EIAS et fiabiliser les processus (exemples : check-list, conciliation des traitements médicamenteux, double vérification, procédure, hygiène des mains…).
- Comment éviter un risque prévu ? C’est-à-dire comment ne pas prendre de risque inutile. Solution efficace, quand elle est possible, et qui demande au minimum de définir préalablement les situations dans lesquelles on ne veut pas aller (no-go)
- Comment détecter, s’adapter et répondre à la survenue d’un risque inattendu ? C’est tout le sujet de la résilience que les organisations dites de haute fiabilité (High Reliability Organizations ou HRO) ont mis en pratique excellemment. Le développement de la culture de sécurité et l’amélioration du travail en équipe sont des réponses pertinentes à cette question.
- Comment récupérer, atténuer un EIAS, s’il survient quand même ? sujet souvent peu abordé en santé, il passe notamment par le soutien du patient, de son entourage et des professionnels de santé (exemple : Annonce d’un dommage au patient).
Tous
les éléments sont ainsi réunis pour disposer maintenant de RMM
structurées et efficaces, lieux privilégiés qui contribuent à engager
les équipes à mieux réfléchir et à agir pour la sécurité du patient[2] .
Voir aussi l’article « Repères – Alarm dans les revues de mortalité et de morbidité ».
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